Philosophie de la corrida

Francis Wolff

Philosophie de la corrida, première édition Fayard 2007, réédition Hachette Pluriel, 2011, avec une Préface inédite.

Au-delà de toutes les controverses passionnées sur sa légitimité, la corrida demeure un objet de pensée non identifié. Est-ce un spectacle ? une cérémonie ? un jeu ? un sport ? un combat ? un art ? La corrida est une lutte à mort entre un homme et un taureau, mais sa morale n’est pas celle qu’on croit : car le taureau de combat est le seul animal qui doit vivre libre pour pouvoir mourir en combattant. La corrida n’est peut-être pas un art, mais elle permet de redéfinir l’essence même de l’art. Elle donne forme à une matière brute, la charge du taureau ; elle crée du beau avec son contraire, la peur de mourir ; elle exhibe un réel dont les autres arts ne font que rêver.

 

Voir aussi L’appel de Séville. Discours de philosophie taurine à l’usage de tous, éd. « Au Diable Vauvert », 2011.

 

 

 

 

 

« Regard actuel sur le Miroir de Leiris », chap. IX de Leiris Unlimited, sous la dir. de Denis Hollier et Jean Jamin, CNRS éditions, 2017.

Notre humanité. D’Aristote aux neurosciences (Fayard).

Livre Notre humanité. D’Aristote aux neurosciences Fayard, 2010, 396 pages.

 

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Les idées ne mènent pas le monde. Pourtant, les représentations que les hommes se font de leur humanité le font tourner dans un sens ou dans l’autre. À l’origine des grandes révolutions scientifiques, il y a une idée philosophique de l’homme : l’« animal rationnel » de l’Antiquité est lié à la naissance des sciences naturelles ; à l’âge classique, l’« âme étroitement unie à un corps » de la métaphysique cartésienne est indissociable de la physique mathématique ; le « sujet assujetti » du structuralisme était l’objet privilégié des sciences humaines triomphantes du siècle passé ; et le vivant défini par ses « capacités cognitives » marque la victoire actuelle des neurosciences.
Chaque définition de l’homme charrie aussi son lot de croyances morales et d’idéologies politiques, d’autant plus puissantes qu’elles semblent soutenues par les certitudes scientifiques de leur époque. Derrière l’esclavagisme ou le racisme, à l’origine du totalitarisme ou des formes les plus subtiles de l’antihumanisme contemporain, se trouve une définition de notre humanité. C’est toujours au nom de ce qu’est l’homme ou de ce qu’il doit être que l’on prescrit ce qu’il faut faire et ne pas faire. L’idée d’humanité se situe à l’entrecroisement d’un rapport aux savoirs qu’elle permet de garantir et d’un rapport à des normes qu’elle permet de fonder. Elle est donc le lieu de toutes les confusions et l’enjeu de toutes les querelles de légitimité.
Quelle idée de l’homme peut-elle encore être la nôtre aujourd’hui qu’on le décrète un « animal comme les autres » ? Que reste-t-il de notre humanité si elle ne peut plus se définir par sa place entre divinité et animalité ?
L’« animal rationnel » n’a pas dit son dernier mot. Pas plus que l’humanisme, que l’on dit pourtant « épuisé ».

 

Penser avec les Anciens (Hachette-Pluriel)

Penser avec les Anciens. Un trésor de toujours, Hachette Pluriel, 2016.

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Réédition modifiée de L’Être, l’homme, le disciple, Figures philosophiques empruntées aux Anciens, PUF, coll. « Quadrige », juin 2000.

 

L’histoire, selon Thucycide, était un « trésor pour toujours ». La philosophie ancienne n’est-elle pas, à l’inverse, un « trésor de toujours » ? Car on peut encore penser avec les Anciens. Et sur trois points décisifs : l’être, l’homme et le disciple.
L’être, c’est l’objet rêvé et impossible. Car « tout est être », mais tout quoi ? Tout ce qu’on peut montrer, ou tout ce qu’on peut dire ? L’ontologie se construit, et se perd, en se partageant entre deux voies, Démocrite ou Platon : une physique ou une logique.
L’homme, c’est l’objet nécessaire et introuvable. Son ombre pèse sur les éthiques les plus opposées, d’Aristote à Épicure, et impose sa figure constante, entre deux autres, l’animal et le dieu.
Le disciple, c’est le destinataire privilégié. Trois figures en sont possibles (socratique, épicurienne et aristotélicienne), qui dessinent trois voies de la philosophie : une critique, un art de vivre, un savoir.

Ce que L’Homme neuronal nous a fait penser

« Ce que L’Homme neuronal nous a fait penser» p. 41-52 de L’homme neuronal, trente ans après, dir. Michel Morange, Francis Wolff et Frédéric Worms, Ed. « Rue d’Ulm », 2016.

L’article se compose de deux parties. Dans un premier temps (« Ce que L’homme neuronal nous a fait penser »), on évalue le changement de paradigme qu’a constitué ce livre dans l’histoire des représentations de l’homme ; on montre en particulier comment il s’est imposé contre le paradigme alors dominant, celui du structuralisme.

Dans un deuxième temps (« Ce qui nous fait penser »), on discute la thèse de Changeux de l’identité entre états mentaux et cérébraux. On s’efforce de montrer que la thèse réductionniste qui a fait le succès de la science moderne depuis l’âge classique (réduction à des causes physiques, des phénomènes qui paraissaient relever d’une substance spirituelle) ne peut pas s’appliquer aussi facilement à la pensée, notamment à ses formes les plus élémentaires, en particulier parce qu’il n’y a aucune relation nécessaire entre les phénomènes cérébraux et leur manifestations subjectives.

On montre ainsi comment Changeux, en voulant expulser toutes les réponses métaphysiques à la question « qu’est-ce qui nous fait penser ? » a réhabilité la question métaphysique la plus classique : « qu’est-ce que la pensée ? »