« Je » et « maintenant »

 

 

 

 

 

 

Les Formes de l’ indexicalité : langage et pensée en contexte, sous la direction de Sacha Bourgeois-Gironde, Paris, Éditions « Rue d’Ulm », 2005.

Des parallélismes structurels entre l’identité personnelle et la nature du temps, révélés du fait d’analogies sémantiques et d’inversions conceptuelles entre l’usage du « je » et celui de l’adverbe « maintenant », induisent l’idée que le moi et le présent sont deux faces opposées d’un même concept plus général. On ne peut penser l’un sans l’autre.

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Le temps comme concept hybride

Je m’efforce ici de dépasser l’opposition stérile entre temps de la conscience (auquel, dit-on, devrait s’en tenir prudemment le philosophe) et temps du monde (réservé croit-on, aux théories physiques) tout en distinguant deux concepts de temps. Dans la ligne de Dire le monde (chap. 2), je tente de montrer que le concept objectif de temps (celui par lequel nécessairement nous pensons) est «hybride», c’est-à-dire constitué de deux concepts cohérents mais incompatibles. Au contraire de ce qu’on soutient souvent, je montre que la notion de présent (et donc la suite passé-présent-futur, que j’appelle le devenir) est objective et ne doit rien à l’indexicalité de cette notion. Il doit cependant y avoir une manière de différencier conceptuellement le présent des évènements présents du présent des évènements passés. Remontant à Kant via Frege, je m’efforce de montrer que, si l’existence est un prédicat de deuxième ordre et vaut tant pour les choses passées que pour les choses présentes, l’existence présente est un prédicat de troisième ordre par lequel il s’appose au passé. Je soutiens ensuite que les deux concepts de temps (le temps de la série de concepts « antérieur/postérieur – simultané ») et le temps-devenir) correspondent respectivement à deux nécessites ontologiques liées à notre schème conceptuel, l’être des substances et l’être des évènements. Je retrouve, du côté du « temps de la conscience », ces deux exigences indépendantes.

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Revue de métaphysique et de morale, 2011/4 – n° 72, p. 487 à 512.