Lundi de la philo du 12 mars Myriam Revault d’Allonnes

Discussion de l’exposé de Myriam Revault d’Allonnes (EPHE et CEVIPOF, Science Po.):

Trouble dans la représentation

Parler de « trouble » dans la représentation, c’est d’entrée de jeu faire un pas de côté par rapport aux discours convenus sur la « crise » de la représentation politique. Loin qu’il y ait (et qu’il y ait jamais eu) une « bonne » représentation qui traduirait l’adéquation du représentant et du représenté, la notion – dont il faut souligner qu’elle entre tardivement dans le champ politique – est habitée par une équivoque fondatrice : « représenter » se dit aussi bien de l’imitation d’un modèle préexistant que d’une production qui, renvoyant à un paradigme théâtral, fait signe vers la mise en scène de la socialité et de la coexistence humaine. Je me propose de montrer que les difficultés voire les apories actuelles de la représentation politique ne sont pas sans rapport avec cette équivoque et que cette perspective nous engage à revisiter la nature du lien représentatif (l’unité paradoxale d’un « commun » qui ne se représente et ne s’exerce que dans le lien de la séparation) et à inscrire la capacité représentative des citoyens dans le réel de la politique