Lundi de la philo du 9 avril Stéphane Lemaire

Discussion de l’exposé de Stéphane Lemaire (Univ. Rennes 1)

Les théories subjectivistes de la valeur

Les théories de la valeur concernent tout ce qui est bien ou mauvais mais aussi tout ce qui possède une valeur plus spécifique comme, par exemple, ce qui est délicieux, admirable, juste, ou courageux. Le domaine des valeurs ou des choses auxquelles on attribue de la valeur est donc extrêmement vaste. Une façon de comprendre la multiplicité des valeurs consiste à soutenir que toute chose possède une valeur parce que nous constituons cette valeur du fait d’avoir, par exemple, un désir pour cette chose. On appelle cette stratégie subjectiviste parce qu’un état du sujet, ici le désir (mais il pourrait s’agir d’un autre type d’état), explique complètement pourquoi un objet possède une valeur. On peut étendre cette thèse à la totalité des valeurs ou plus modestement aux valeurs constitutives du bien-être.

Dans cette intervention, on se concentrera sur cette extension modeste à travers un certain nombre d’objections. On a en effet reproché au subjectivisme à propos du bien-être de ne pas tenir compte de l’existence de préférences adaptatives ou défectueuses, de ne pas offrir un cadre normatif suffisamment fort, de nier l’importance du plaisir et de la souffrance ou à l’inverse de conduire au relativisme, d’être incapable de rendre compte du sens d’une vie ou de valeurs indépendantes de nos désirs

En réponse, on montrera comment le subjectivisme peut répondre à ces objections à conditions d’opérer un certain nombre de déplacements et une stratégie volontiers hybride par rapport à ses compétiteurs traditionnels, l’hédonisme et les théories objectives du bonheur (par exemple, l’approche par les capabilités).