Œuvre et parcours de Francis Wolff

 Francis Wolff est né en 1950. Il est actuellement Professeur émérite de philosophie à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm, Paris.

Il y organise et dirige, depuis 2004, le séminaire «les lundis de la philosophie».

Il a enseigné la philosophie comme professeur agrégé du second degré (École normale d’instituteurs de Laon, lycée Fernand Darchicourt d’Hénin Beaumont, lycée de Plaisir), et en classes préparatoires (khâgne du lycée La Bruyère à Versailles). Il a tenu la chaire de philosophie ancienne du Departamento de filosofia de l’Universidade de São Paulo (Brésil) et de l’université de Paris-X Nanterre dont il a dirigé le Centre Festugière. A l’École normale supérieure, il a été maître de conférences, Directeur Adjoint (Lettres et sciences humaines), et Professeur des universités au département de philosophie, qu’il a dirigé pendant trois ans.

Une partie de ses recherches et publications est consacrée à l’histoire de la philosophie ancienne (Socrate, PUF, 4e édition, 2000, Aristote et la politique, 4e édition, 2008, L’être, l’homme, le disciple, PUF, « Quadrige », 2000, repris dans Penser avec les Anciens, Un trésor de toujours, Hachette Pluriel, 2016, ainsi que de nombreux articles). Renvoyant dos à dos les interprétations historique et philosophique de l’histoire de la philosophie, ainsi que les méthodes philologique et analytique, il introduit la notion de « figures de la pensée » (Penser avec les Anciens, p. 9) définies comme des « modes de pensée inscrits dans l’histoire comme autant de solutions philosophiques à des problèmes, qui, de notre point de vue historique, traversent l’histoire et semblent devoir lui échapper ». La lecture d’un philosophe ancien doit donc toujours commencer par retrouver le problème dont le texte est une solution possible. Cette notion de « figure » est reprise dans Notre humanité (Introduction) pour caractériser le jeu de relation et d’opposition entre les quatre définitions de l’homme (Antiquité, Âge classique, sciences humaines du XXe siècle, naturalisme contemporain) qui traversent l’histoire de la pensée.

Depuis la fin des années 1990 ses recherches dessinent les contours d’une philosophie personnelle, dont les idées centrales sont qu’il n’y a d’ontologie qu’anthropologique et qu’il n’y a d’anthropologie que « logique » — au sens du logos aristotélicien : l’être humain est défini par la possession d’un langage prédicatif (dire quelque chose à propos de quelque autre chose) dans sa double dimension « interlocutive » (parler à quelqu’un d’autre) et « objective » (parler de la même chose).

Ses publications prennent ainsi trois directions principales qui se répondent et s’entrecroisent :

– un axe logico-ontologique (Dire le monde ; Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? Le temps comme concept hybride).

– un axe anthropologique (Notre humanité, d’Aristote aux neurosciences, Fayard, 2010 ; Philosophie de la corrida, Fayard, 2007, rééd. Hachette Pluriel, 2011 ; Il n’y a pas d’amour parfait, Fayard, 2016).

– un axe esthétique (Philosophie de la musique, Fayard, 2015), dans lequel se trouve illustrée l’ontologie triadique de Dire le monde (choses, événements, personnes) par « le triangle des arts » : arts de l’image – représentations de choses sans événements —, arts musicaux – représentations des événements sans choses, arts du récit – représentations de personnes agissantes.